La gestion d’actifs reste une activité en plein essor, grâce à un contexte économique favorable ces dernières années. Cependant, le secteur est très compétitif en présence de mastodontes qui s’accaparent une part de marché très importante. Les sociétés de gestion doivent faire face aussi à plusieurs contraintes règlementaires qui nécessitent une nouvelle organisation, le secteur est ainsi en pleine mutation.
Les principaux acteurs en France
L’industrie de la gestion d’actifs en France compte aujourd’hui plus de 600 sociétés de gestion selon l’AFG (Association Française de la Gestion Financière). Avec des acteurs très importants et d’autres plus petits en terme de taille. On peut distinguer deux types de structures : Les sociétés affiliées aux établissements financiers et les sociétés de gestion indépendantes.
Les sociétés filiales de banques, assurances, mutuelles et groupes financiers
Les plus grands gestionnaires d’actifs en France sont détenus par les groupes bancaires. Ceci leur donne en effet un énorme avantage en termes de distribution et de commercialisation de leurs fonds. Leaders en termes de parts de marché, la concentration des actifs sous gestion reste très importante au sein de ce type de structures. En effet, les cinq premières sociétés de gestion filiales de banques totalisent plus de 60% des actifs gérés par cette catégorie selon l’AMF (Autorité des Marchés Financiers).
La France abrite le plus grand gestionnaire d’actifs en Europe, Amundi (filiale détenue à 70% par le groupe Crédit Agricole), qui gère plus de 1 400 milliards d’euros d’actifs sous gestion. On trouve également dans le Top 3 français, Natixis Investment Managers (plus de 800 milliards d’actif sous gestion), suivie d’AXA Investment Managers (environ 750 milliards d’actifs d’euros sous gestion).
Top 10 Asset Managers France |
2018 |
2017 |
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Aum 31/12/2017 (m€) |
Aum 31/12/2016 (m€) |
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1 | Amundi | 1,426,107 | 1,082,700 |
2 | Natixis Investment Managers | 830,847 | 831,501 |
3 | AXA Investment Managers | 745,912 | 699,628 |
4 | BNP Paribas Asset Management | 569,332 | 559,964 |
5 | La Banque Postale Asset Management | 216,000 | 179,202 |
6 | Lyxor Asset Management | 132,200 | 118,600 |
7 | Groupama Asset Management | 99,838 | 96,751 |
8 | Covéa Finance | 93,300 | 93,300 |
9 | OFI Asset Management | 68,696 | 66,500 |
10 | Rothschild Asset Management | 66,600 | 54,000 |
Source : INVESTMENT & PENSIONS EUROPE 2018
Les boutiques de gestion d’actifs, structures indépendantes
Ce type de société est généralement créé par d’anciens gérants de portefeuille ayant eu une expérience significative au sein de grosses structures de gestion d’actifs. Ceux-ci détiennent majoritairement le capital de la société. Le succès du lancement des fonds dans ce type de société dépend fortement de la notoriété des gérants qui sont réputés pour leur capacité de gestion et leurs bonnes performances. Les petites sociétés de gestion essaient aussi de se distinguer par leurs idées d’investissement en proposant des solutions innovantes (exemple Investissement Socialement Responsable).
Contrairement aux sociétés affiliées à des grands groupes financiers qui disposent de réseaux de distribution conséquents, les boutiques de gestion d’actifs doivent adopter une stratégie commerciale plus offensive afin de pouvoir rivaliser avec cette concurrence. Ainsi, ces sociétés distribuent leurs fonds destinés aux investisseurs particuliers, via d’autres canaux comme les CGPI (conseillers en gestion de patrimoine indépendants). Elles peuvent aussi se différencier dans la commercialisation des fonds à destination des investisseurs institutionnels en proposant des frais de gestion moins élevés pour avoir ainsi un avantage compétitif.
Palmarès des boutiques de gestion d’actifs en France
Top 5 Asset Managers Indépendants | 2018 | 2017 | |
Aum 31/12/2017 (m€) |
Aum 31/12/2016 (m€) |
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1 | Carmignac Gestion | 56,553 | 58,442 |
2 | Comgest | 28,276 | 21,792 |
3 | DNCA Investments* | 25,300 | 19,800 |
4 | Ecofi Investments | 9,125 | 8,154 |
5 | La Financière de l’Echiquier | 8,974 | 7,572 |
Source : INVESTMENT & PENSIONS EUROPE 2018
* DNCA Investments a été rachetée en 2014 par Natixis
Un contexte économique favorable
L’un des principaux freins à la croissance auxquels les sociétés de gestion françaises ont été confrontées, est la popularité des contrats d’assurance vie qui offrent une performance annuelle garantie. Cependant, ces produits «arrivent en fin de vie». Les taux de rendements bas sur ces produits signifient que les compagnies d’assurance ont été de plus en plus incapables de fournir des retours sur ces véhicules d’investissement.
L’environnement économique et financier actuel, toujours plus mouvant et complexe, n’autorise plus des solutions d’épargne passives pour les investisseurs. Selon l’AFG, les OPC domiciliés en France ont connu une collecte record durant l’année 2017. De plus, cette collecte portait sur l’ensemble des classes d’actifs, alors que pour les années précédentes, la collecte se concentrait principalement sur les fonds de placement en actifs monétaires.
Un modèle de croissance externe
On remarque ces dernières années une tendance de rapprochement entre les sociétés de gestion d’actifs pour trouver des relais de croissance. Les gestionnaires d’actifs en France sont entrés dans une course à la taille. Plusieurs opérations de rapprochement ont marqué le secteur l’an passé. Amundi par exemple a racheté Pioneer Investments, un gestionnaire d’actifs italien. On note aussi l’association entre Rothschild & Cie Gestion et Martin Maurel Asset Management.
Cette tendance ne concerne pas seulement les grands Asset Managers. En effet, on note aussi des rapprochements entre des sociétés de taille plus modeste. Ainsi La Financière de l’Echiquier s’est associée au groupe Primonial spécialisé en gestion de patrimoine. Les opérations de rapprochement sont un moyen pour les sociétés de gestion de taille intermédiaire de réaliser de substantielles économies d’échelles pour faire face au durcissement réglementaire qui impose des coûts supplémentaires.
Un environnement règlementaire de plus en plus contraignant
Parmi les principales réglementations ayant impacté le secteur de la gestion d’actifs on peut citer : MiFiD2, PRIIPs, Volcker rule, UCITS 5 et Solvency 2. En effet, ces contraintes réglementaires pèsent de façon inéluctable sur leurs marges des sociétés de gestion. Celles-ci, pour assurer une conformité à ces exigences, consacrent une partie de leur budget à des ressources liées à la compliance, au risque et au contrôle interne.
Les tendances réglementaires ont déjà transformé le secteur de la gestion d’actifs. Les exigences réglementaires ont imposé plusieurs procédures coûteuses. Elles ont aussi rendu moins flexibles les stratégies d’investissement des fonds.
Dans un contexte de plus en plus contraignant, le secteur de la gestion d’actifs est engagé dans une transformation en profondeur. Les nouvelles technologies seront inévitablement un enjeu majeur du développement de cette industrie.